Visite à Saint-Florent-le-Vieil (2ème partie)
L’échauguette. Cette petite tour de guet permettait, croit-on savoir, de contrôler le passage des navires sur le fleuve afin de percevoir les droits de péage. Car tout au long du fleuve, comme à chaque fois que l’on passait d’un territoire à un autre, il fallait passer à la caisse ! Impossible d’y couper à Saint-Florent, car un duit, dont on a encore la trace, barrait le fleuve en diagonale, obligeant à passer ici même au pied du coteau.à Saint-Florent, les moines ont longtemps bénéficié de ce droit de passage sur le fleuve et de même pour le franchir. À Saumur aussi, mais dans cette dernière ville, sous condition : les moines de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur bénéficiaient du droit de passage pour la tra- versée du fleuve en bateau qui leur était accordé par Henri II Plantagenêt, mais sous réserve qu’ils construisent chaque année une nouvelle arche à la ligne des ponts !
Promenade Julien Gracq.
Cette promenade se déploie, comme l’itinéraire de la Loire à vélo et le GR 3 (sentier de grande randonnée) en bord de Loire, au pied du coteau de Saint-Florent, de part et d’autre de la maison de l’écrivain. Elle est ponctuée d'extraits tirés des œuvres de l’écrivain en lien avec le paysage que l’on a sous les yeux. Deux exemples : « La plate de Loire - Les eaux étroites » : Aussi loin que remonte ma mémoire, le bateau de mon père, la longue et lourde plate vert d'eau avec son nez tronqué, avec sa bascule à l'arrière qui servait de vivier pour le poisson, son banc du milieu percé d'un trou où on pouvait dresser un mât pour une voile
carrée, a tenu dans ma vie une place presque quotidienne : il était amarré au quai de la Loire, à trente mètres devant notre maison ; j'y sautais aussi familièrement, les rames sur l'épaule, les tolets à la main, que plus tard j'enfourchai ma bicyclette. « Jeux d'enfants - Lettrines 2 » : Quand je passe dans les rues de Saint-Florent, ou quand je me promène sur les bords de Loire, je m'étonne de l'absence de jeux et de cris d'enfants là où, à huit, à dix ans, nos bandes menaient leur train sur le quai et le long des buissons de la rive. À cette époque, on construisait les épis noyés de la Loire navigable : de hautes piles de claies de châtaignier s'entassaient sur la cale : le grand jeu était d'y grimper et de sauter sur le pavé du quai de la plus grande hauteur possible.
La tannerie, activité aujourd’hui disparue à Saint- Florent, nécessitait l’usage de grands volumes d’eau. D’où l’installation en bord de Loire d’une annexe de la tannerie de la rue du Commerce : la « tannerie de rivière », en aval, évidemment des laveuses, car les opérations de tannerie, notamment le lavage et le dégraissage des peaux, était très polluant, avant de procéder aux opérations de tan- nage proprement dites dans des bacs remplis de tannin à base d’écorces, suivies de l’assouplissement des peaux et du séchage. Un chien placé dans une roue la faisait tourner avec ses pattes à la façon des écureuils pour faire remonter l’eau de la Loire jusque dans l’atelier. Une loi d’Antoine Pinay qui avait, avant d’entrer en politique, dirigé lui-même en Auvergne une grande tannerie industrielle, a mis un coup d’arrêt aux petites tanneries artisanales.