Visite à Saint-Florent-le-Vieil (1ère partie)
Située sur la rive gauche de la Loire, la vieille ville domine le fleuve. Elle offre un panorama remarquable sur la Loire et la vallée. Sur son éperon rocheux, le Mont-Glonne, se dresse avec ostentation son église abbatiale. Saint-Florent-Le-Vieil est l’un des plus beaux sites ligériens de l’Anjou. Saint-Florent-le-Vieil a une longue et riche his- toire qui commence avec l’implantation d'un premier ermitage dès le IVe siècle, transformé plus tard en ab- baye sur le tombeau du saint fondateur, Florent, venu du lointain Danube. Cette abbaye, déjà convoitée et saccagée par les Bretons, fut détruite par les Normands, venus par la Loire et qui s'installent pour de longues an- nées au pied du Mont-Glonne, sur l'Île-Batailleuse qui leur doit son nom.
Saint-Florent, intégré au comté d'Anjou vers 1025, est alors fortifié et subira encore plusieurs assauts notamment lors des guerres de religion. Haut-lieu ecclésiastique, l’abbaye de Saint-Florent offre la particularité de disposer d’un « territoire exempt » d’une douzaine de paroisses des Mauges, relevant non de l’évêque d’Angers mais seulement du pape, que lui au- rait (du moins les moines de Saint-Florent le prétendent à leur retour d’exil consécutif aux incursions normandes) été attribué par les rois carolingiens. Ce retour d’exil a donné lieu à la création d’une nouvelle abbaye de Saint-Florent, à Saumur. D’où l’appellation de Saint- Florent « le Vieil » pour distinguer l’abbaye du Mont- Glonne de sa cadette saumuroise dont elle dépendra désormais, notamment sous l’abbatiat de la puissante dynastie des Du Bellay.
Lors de l'insurrection de la Vendée, Saint-Florent est une des premières communes à se soulever en mars 1793, comme le souligne Michelet : « Tout part de Saint-Florent… ». Incontestablement, Saint-Florent (redevenu alors Mont-Glonne et chef-lieu, avec Cholet, d’un des deux districts des Mauges) non seulement vit tragiquement les premières heures du soulèvement, mais la guerre de Vendée connaît là son premier grand tournant avec la mort, le 14 juillet, de Jacques Cathelineau, le chef charismatique de la « GrandeArmée catholique et royale », qui avait été ramené à Saint-Florent après avoir été gravement blessé lors de l’attaque de Nantes. C’est là aussi qu’après le grand choc de Cholet, en octobre de la même année, qui voit la défaite des Blancs de d’Elbée et de Bonchamps, pris à revers par les Bleus de Kléber, qu’a lieu le « Passage de la Loire », point de départ, sitôt le fleuve franchi par des dizaines de milliers de soldats, mais également de femmes et d’enfants, de la tragique « Virée de Galerne », où le jeune Henri de La Roche-jaquelein, épaulé par Stofflet, a pris la relève de d’Elbée et de Bonchamps, tous les deux fauchés par la mitraille à la tête de leurs troupes à Cholet. Un « Passage de la Loire », illuminé par le « Pardon de Bonchamps » : la grâce accordée par le chef vendéen à quelques heures de sa mort, à plusieurs milliers de prisonniers républicains enfermés dans l’abbaye et qu’on s’apprêtait à mas- sacrer. Alors que tout est perdu pour elle, Bonchamps ainsi, dans cette période d’extrême violence, sauve au moins l’honneur de la Vendée. De Noël 1793 à Pâques 1794, Saint-Florent connaîtra aussi les exécutions : au pied du coteau, dans le « champ des martyrs » du Marillais, on évalue à 2000 le nombre des Vendéens passés par les armes. En mai 1794, les républicains qui occupaient alors Saint-Florent (devenu avec Nantes et Angers, une des têtes de pont des colonnes infernales de Turreau) décident d’évacuer la ville, en déportant le 7 juin, avant de la livrer entièrement aux flammes, toute sa population à Saumur. Et c’est encore à Saint-Florent que la première guerre de Vendée prend fin, avec la signature, après Rennes et Nantes, d’un troisième traité de paix, le 5 mai 1795. Un traité de paix, hélas provisoire, puisque Stofflet qui l’a signé à Saint-Florent, comme Charette, dans le marais, reprendra les armes.