Ce 8 octobre 2011, à l’occasion de notre promenade dans le village de Chanzeaux, nous avons réuni une bonne centaine d’adhérents et amis autour de Michel Pécha, notre guide, historien médiéviste et habitant du lieu. De l’histoire de son village, Michel Pécha s’intéresse tout particulièrement au XIXe siècle en raison du goût de Théodore et Rose de Quatrebarbes pour le “Moyen Age de Fantaisie”. Ce couple légitimiste, progressiste est cependant convaincu qu’il fallait maintenir le village en dehors des tentations modernes apportées par la révoluton industrielle et les nouveaux moyens de communication. Pour garder les gens au pays, on devait leur apporter un peu de bien-être. Cette idéologie s’est révèlée utopique : pas de développement économique et culturel ; les jeunes sont allés gagner leur vie ailleurs ; le village s’est trouvé en dehors de la modernité de l’époque si bien que la population a diminué. Il restera cependant la partie visible de leurs convictions : les constructions, en particulier : le château (emblème du pouvoir hiérarchique), l’église (représentant l’appui de la religion), l’ensemble “Ecole-hôpital-chapelle-aumônerie” (imprégnation par l’éducation et la charité).

Le village de Chanzeaux s'est constitué autour de l'église paroissiale. La titulature (de titulaire) et la surface de la paroisse font penser à une création ancienne, probablement antérieure à l'an Mil qu'aucune source ne vient confirmer ou infirmer. La paroisse comportait plusieurs seigneuries dont celle de l'actuel château qui était la plus grande. Elle est acquise par les Gourreau au XVllIe siècle.

Romantisme, paternalisme et modernisme : au XIXe siècle, le village se développe sous l’influence d’un couple légitimiste : Théodore et Rose de Quatrebarbes

La famille Gourreau a prospéré dans le droit, et certains de ses membres ont été maires d'Angers, charge anoblissante. Au moment de la Révolution, trois frères Gourreau de Chanzeaux émigrent au Kentucky. Par une politique adroite de rachat de leurs biens et par des opérations rémunératrices, ils améliorent une fortune déjà considérable que le "milliard des émigrés" améliorera encore.

Ils possèdent plus de mille hectares de terres, de nombreux biens immobiliers dont l'hôtel Gourreau qui deviendra la Chambre de Commerce d'Angers et la grande maison seigneuriale de Chanzeaux.
Théodore et Rose naissent après la Révolution, qu'ils ne connaîtront que par ouï-dire et par tradition familiale. Rose, née en 1807, est une très riche héritière. Elle va se marier en 1832 avec son cousin, Théodore de Quatrebarbes, né en 1803. Financièrement ce n'est pas un beau parti mais il appartient à une noblesse qui se revendique ancienne et d'épée et se considère comme plus prestigieuse. C'est un couple chrétien et romantique à la manière de Chateaubriand. Ce sont des gens de convictions, contre-révolutionnaires et pratiquant une idéologie assez proche d'un certain rousseauisme.

Le goût pour l'architecture néo-médiévale va s'exprimer dans l'ensemble des constructions de Chanzeaux, reflétant le désir d'un retour à un Moyen Âge sublimé. C'est le point commun de toutes les constructions et ce goût sera copié par d'autres habitants de Chanzeaux.